Pour l’ensemble des secteurs d’activités anthropiques, il apparait urgent aujourd’hui d’écologiser les usages et la gestion des écosystèmes afin de promouvoir la santé globale et réduire l’impact des changements globaux : climat, pollutions, disponibilité réduite des ressources naturelles, etc. C’est plus particulièrement le cas des exploitations viticoles, où après plusieurs décennies de pratiques agrochimiques intensives couramment observées, avec des conséquences environnementales et sanitaires, certains viticulteurs sont actuellement très dynamiques pour réduire les traitements phytosanitaires appliqués, promouvoir la vie des sols et/ou développer l’œnotourisme. Les leviers qui sous-tendent ces changements de pratiques sont multiples : prise de conscience écologique, santé au travail et des riverains, pressions des consommateurs ou citoyens et de la réglementation santé-environnement. Mais, d’un autre côté, des verrous techniques, économiques et psychologiques freinent cette écologisation des pratiques en viticulture comme la peur de perdre sa récolte par une maitrise insuffisante de la complexité des techniques alternatives ou en raison de leur efficacité moindre à éradiquer rapidement les bio-agressions, etc.
L’objectif de cet ouvrage pédagogique est ainsi d’illustrer à travers le thème de l’agroécologie en viticulture, les récentes évolutions des pratiques et les différents leviers et verrous à ces changements, avec à la fois des aspects théoriques (mécanismes écologiques, physiologiques, biogéochimiques et sociologiques en jeu) et aussi les aspects pratiques sur le terrain (exemple des couverts végétaux, de la gestion de l’eau, des techniques d’épandage, etc.). Pour concilier savoirs et savoir-faire, les concepts scientifiques essentiels sont tout d’abord introduits (partie I de l’ouvrage), puis un panel de fiches pédagogiques complémentaires illustre différents aspects de la durabilité en viticulture (partie II), avec une articulation « recherche-formation-terrain ». L’évaluation de certains critères ou effets (porosité ou texture du sol, absorption racinaire, santé de la vigne, transferts des polluants, qualité de l’eau, impact des couverts végétaux, biodiversité, etc.) avec des méthodes opérationnelles décrites dans les fiches et des activités pédagogiques reproductibles, permettront de façon très concrète de mieux cerner les opportunités et limites des outils et des pratiques aujourd’hui disponibles pour faire face aux changements globaux. Une pédagogie active, sur projet et/ou exemple et une approche par compétence est mise en œuvre grâce aux fiches pédagogiques produites par un collectif interdisciplinaire multi-acteurs (conseillers de chambres d’agriculture, enseignants-chercheurs et chercheurs, ingénieurs de centres techniques qui effectuent des observations, mesures, études de terrain) et complétées par des interviews de viticulteurs, ingénieurs dans des entreprises d’agrofournitures ou d’analyses de sol, et élus qui s’interrogent sur la durabilité en viticulture. Notre objectif est avant tout de partager les connaissances et réflexions actuelles, pour encourager les pratiques agroécologiques alternatives efficientes en viticulture, promouvoir la durabilité et la notion de bien commun dans la communauté des parties prenantes de la vigne et du vin.
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